- Ma première retraite de yoga -
Dernière mise à jour : 28 oct. 2020
« La vie passe, et si tu ne veux pas qu’elle te file entre les doigts, il faut la vivre. »

Avant de partager avec toi ma première retraite de yoga, il me semble essentiel de t’expliquer comment j’ai réussi à passer le cap.
Le cap de prendre du temps pour soi, seulement pour soi et avec soi-même.
Le cap de partir de chez soi, d’abandonner sa routine et de partir à l’inconnu vivre une toute nouvelle expérience, entouré de personnes que l’on ne connait pas.
Cela peut paraître terrifiant pour certains, ça l’était pour moi.
Ce phénomène effrayant s’appelle : sortir de sa zone de confort.
La trentaine arrivant à vitesse grand V, je réalise que je n’ai jamais voyagé seule, ni jamais pris le temps de faire quelque chose uniquement pour moi, sans faire plaisir à qui que ce soit.
Je me suis initiée au yoga à un moment de ma vie où je ne supportais plus mon corps, il y a 3 ans. Adepte depuis des années, c’est ma plus vieille amie (en termes de temps, pas d’âge hein) résidant en Californie qui m’a emmenée à mon tout premier cours. J’avais peur de ne pas me sentir à ma place dans ce clan de yogi dont je me moquais secrètement. Finalement, j’y ai pris goût. Je me suis inscrite à mes premiers cours, testé différents professeurs. Et puis j’ai rencontré Kahina, celle qui m’a fait voir le yoga autrement. En tant qu’ancienne sportive de haut niveau dotée d’un mental de compétitrice, ce tempérament qui rythme toujours ma vie aujourd’hui fait que je m’inflige constamment une rigueur disproportionnée.
J’ai été touchée par son approche des cours (laquelle diffère selon chaque professeur) aussi juste que personnelle, et alliant à la fois techniques de relaxation, respirations, postures, ainsi que visualisation et douceur. Si mon ancienne activité de patineuse de haut niveau m’avait enseigné la puissance et la grâce, la douceur n’en faisait pas partie. La douceur envers soi-même, envers son corps, celui qui nous porte tous les jours et que nous malmenons trop souvent.
Kahina organisait sa première retraite de yoga ; l’aventure commence enfin.

Le décor est planté. La retraite aura lieu à St Lucien, une petite commune de 244 habitants à 80 kilomètres de Paris du vendredi 31 Juillet à 17h au dimanche 02 Août. En réalité, je m’inscris sans vraiment savoir dans quoi je m’embarque. La veille je ne ferme pas l’œil de la nuit. J’ai peur. Non, je suis terrifiée ! Avec les années, je suis devenue une personne peu sûre d’elle, ayant du mal à parler avec des inconnus.
Jour J – Hôtel Concorde Paris. Un chauffeur nous y attend. Craignant je ne sais trop quoi, j’arrive avec 45 minutes d’avance. Nous sommes 4 dans le Van « Mercedes » hyper confort programmé par Kahina pour les personnes non véhiculées. Top. En face de moi, une femme d’affaire jongle entre ses deux téléphones. À ma diagonale, une autre jeune femme drôle et souriante. Je précise que malgré la présence des masques en pleine période de Covid, je parviens toujours à lire dans les yeux. Pour finir, près de moi se trouve une femme plus âgée qui pourrait être ma maman. Rassurée, je me détends un peu. On discute, on rigole, toutes très impatientes de découvrir ce qui nous attend. Nous ne sommes pas des professionnelles du yoga et c’est une grande première pour chacune d’entre nous #rassurant.
Dès notre arrivée à Pillayar, nous sommes accueillies par Anne et Antoine dans un endroit magnifique : une maison entièrement rénovée tout en ayant conservé le charme de l’ancien, avec une grande salle de pratique et un coin repas où nous bruncherons et dînerons tous végétarien.
Pillayar est spécialisé dans les retraites. Tout est organisé en fonction ; les chambres également dans lesquelles Kahina nous disperse. Le lieu est sublime. La verdure et le silence m’avaient tellement manqué. Nous serons 3 dans la chambre, dont cette jeune femme drôle et souriante avec laquelle j’étais plus tôt dans le van.
J’enfile une tenue plus décontractée car il fait chaud, très chaud. La séance débute par un cercle d’ouverture. Tour à tour, chacun commence à parler de soi, du yoga et des raisons qui les ont menées ici. Certains parlent plus que d’autres. Moi en l’occurrence. À cause du stress. Je ne me rappelle même pas de ce que j’ai dit.

Les prénoms de chacun bien en tête, dont ceux de 3 hommes parmi nous (je n’aurais pas cru !), Kahina nous communique le maître-mot tout au long de cette retraite : bienveillance. Ce sera notre mantra. Nous parlerons, agirons et nous déplacerons à chaque instant en toute bienveillance.
Le ton étant donné, nous entamons notre premier dîner tous réunis autour d’une grande table conviviale. Super ! Tout le monde est présent : 13 au total. N’étant pas issue d’une famille nombreuse contrairement à mon conjoint, je n’ai jamais eu l’habitude des grandes tablées. Verdict : j’adore !
Au menu, dîner exclusivement végétarien. Ça ne me dérange pas car je suis végétarienne depuis le 1er janvier 2020. Je suis la seule du groupe, mais en fin de comptes, tout le monde apprécie et réalise que ce n’est pas si mal que ça.
Puis arrive l’heure de la méditation sonore. Kahina manie les bols tibétains les uns après les autres en les faisant chanter comme personne, ce qui a pour effet de me plonger dans une transe au cours de laquelle je relâche toutes mes tensions. Cela faisait un certain temps que j’étais coincée au niveau de la gorge (le fameux chakra de la gorge) avec envie de vomir, de cracher ce qui m’encrassait. Et voilà que tout a disparu. C’est passé, je suis enfin débloquée. Merci.
Nous profitons de cette séance pour échanger sur cette médiation sonore intense. Tous plus ou moins chamboulés, nous avons la sensation d’avoir été happés par une tempête. Sûrement celle de nos pensées… Comme ensevelie, j’ai eu l’impression que la pluie s’écrasait au sol et les vagues violemment contre les rochers pour laisser place à une mer plus apaisée et des pensées plus claires. Première journée forte en émotion qui s’achève.
J’ai envie de dormir mais je ne me sens pas fatiguée... Mes camarades de chambre non plus. Passer la nuit dans une pièce avec des personnes que nous ne connaissons pas est très intimidant. Mais au final nous étions toutes dans le même bateau et cela nous a même rapproché. S’en est suivie une nuit rythmée par de GROS ronflements, des « hey, tu dors ?! », et des fous rires jusqu’à 3 h du matin. Amusant donc, mais pas très reposant.
Le lendemain, réveil vers 7 h pour la pratique du matin de 2 heures. Au programme : yoga intégral énergisant et pranayamas (exercices comprenant des mouvements de respiration). Quelle chance nous avons de pouvoir exercer en extérieur, au plus proche de la nature.

10 h 30 : c’est l’heure du brunch ! Nous pratiquons à jeun car notre corps utilise beaucoup d’énergie pour la digestion. Comme je ne prends pas de petit-déjeuner habituellement, cela ne me pose aucun problème. Je pratique le jeun intermittent, dit « fasting » depuis plus de 3 ans. Là, je petit déjeune juste plus tôt que d’habitude. La nuit ayant été de courte durée, je regagne ma chambre pour faire une petite sieste.
13 h : Atelier sur la reconnexion à soi - « se recentrer pour mieux se déployer ». Nous appliquons nos huiles offertes de la marque Taaj qui sentent divinement bon avant d’apprendre quelques techniques de massage et de relaxation à exercer sur soi.
Time off. Regroupés autour de la piscine, nous profitons de ce temps libre pour vivre un véritable moment de partage et de jeux. Un volley s’improvise. C’est ainsi que nous nous confions sur nos vies à Paris, nos conjoints, nos styles de vie et nos évolutions. Je me souviens avoir observé le visage de la businesswoman en face à moi changer. Littéralement. Son énergie est devenue solaire, je ne l’ai plus revu avec son téléphone. Elle rayonnait. Avec cette jeune femme que je ne connaissais pas 24 h plus tôt, nous nous nous livrons et nous écoutons mutuellement comme deux vieilles copines. Et puis j’ai la chance d’expérimenter ma toute première séance de réflexologie avec Marie, naturopathe et réflexologue venue pour l’occasion.
De 17 h à 19 h : pratique d’un yoga doux et rééquilibrant, le « yoga régénérateur » (restorative yoga en anglais). Je n’en ai jamais fait auparavant. C’est fantastique. Un yoga dans lequel nous maintenons des postures classiques en effectuant de longues respirations et en se servant d’un bolster, terme pour qualifier une sorte de coussin un peu dur en forme d’édredon. Très agréable, cela me permet de me relaxer en profondeur.
20 h : Dîner.
21 h : Après avoir formé un cercle, nous méditons dehors ; des tapis tout doux sous les fesses, un plaid sur les épaules et des bougies disposées au centre. Je pense que c’est réellement à cet instant que j’ai pleinement mesuré la chance que j’avais de me trouver ici, à cet endroit précis, la lune ronde et pleine au-dessus de nos têtes dans un ciel constellé d’étoiles, nos visages à peine éclairés par la lueur de ces grosses bougies blanches. Magique...
La nuit s’annonçait plus douce. Pour être certaine de ne pas être dérangée, je récupère des boules quiès et mon masque pour les yeux. J’ai d’ailleurs dormi comme un bébé. Idem pour les autres filles de la chambre. Une nuit particulièrement reposante et réparatrice après tous les efforts produits depuis notre arrivée.
Dernier jour.
Toujours en extérieur, nous entamons ce réveil matinal par une séance de yoga. Kahina nous fait une présentation de la poudre de Guarana d’une marque qu’elle affectionne beaucoup et que je connaissais. Étant hypersensible à toute forme d’excitants, je ne bois pas de café ni de thé noir. C’est donc une belle alternative pour un coup de boost tout en douceur. Cette séance est très agréable, malgré mes courbatures qui me rendent raide comme un piquet.

Une routine s’est réellement installée, la dynamique du groupe est vraiment très agréable. Tout le monde échange avec tout le monde. Je m’attache à chacun d’entre eux, car chaque personne est unique. C’est dans des moments comme celui-ci que l’on se rend compte de la différenciation des êtres-humains, si différents et similaires à la fois.
Et puis je me repose avant d’entamer une nouvelle séance de yoga durant laquelle nous pratiquons en binôme. C’est très amusant. En totale symbiose, nous faisons des exercices comme aider l’autre en le guidant dans des postures adaptées pour lui. Et se regarder dans les yeux en essayant de lui transmettre nos qualités juste par le regard. J’ai adoré. C’est une autre manière de se lier à l’autre, de donner et de recevoir.
Arrivé à 17 h : cercle de fermeture.
Si je pleurais avant de partir en retraite, je suis de nouveau assaillie par l’émotion au moment de dire au-revoir, comme une ado en colo qui s’apprête à quitter tous ses amis. Lors de ce cercle de fermeture je réalise que j’ai eu les réponses à mes prières. Moi qui demandais régulièrement à Dieu de me guider vers des personnes qui sauraient me donner autant que je moi je donne, mon vœu était exaucé. Je venais de passer un des meilleures week-ends de ma vie. Je pleure à chaudes larmes, sans jugement et avec compassion... dans un lâcher-prise total. J’arrive à entrevoir quelques larmes attendries de mes camarades.
Chacun partage son expérience en évoquant ce qu’il a aimé. Et puis nous terminons par un exercice qui nous bouleverse tous. Les yeux bandés, nous traversons un chemin imaginaire formé entre nous. Chacun notre tour, nous nous lançons à l’aveugle et recevons à chaque pas davantage de câlins, de gestes doux et de baisers de la part du groupe. Je n’avais encore jamais ressenti une telle émotion à cet instant. Chacun venait d’offrir une partie de lui, et cela était d’autant plus fort car nous étions tous devenus amis. Tant de tendresse partagée…
Avant de nous quitter, nous partageons un dernier goûter ensemble préparé par les garçons dans l’après-midi. Délicieux. Et voilà, c’est fini. Le retour s’effectue dans le même van qu’à l’aller, en compagnie des mêmes femmes. Nous rentrons toutes apaisées, heureuses, détendues et regonflées à bloc pour attaquer cette vie. Je me sens ancrée, confiante et heureuse.

À toi qui me lis, je te conseille mille fois de te lancer si tu hésites encore. Que tu sois étudiant(e), businessman, businesswoman, mère au foyer, père au foyer, triste, heureux, en proie au doute ou confiant(e). Tout le monde devrait vivre cette expérience au moins une fois dans sa vie. Se l’autoriser. Prendre du temps pour soi, mais vraiment rien que pour soi, car nous y avons tous le droit. Si toi aussi tu veux partager tes peurs, tes doutes, ou bien ta propre expérience si tu l’as déjà vécu une première fois, n’hésite pas, je t’écoute et je suis là.
Agnès Jeanne.